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de la recherche. La difficulté d’approfondir une question est bien souvent largement compensée par des solutions qui jaillissent au moment même où l’on y pense le moins. Ce travail qu’Euler, Lagrange, Gauss ont connu sans que rien ne presse, sans que personne le demande peut se comparer à un voyage de plaisir dans le plus beau des pays. Mais le travail que les conférences publiques, les leçons réclament, que les journaux demandent pour un jour déterminé, bien souvent fatigue et irrite comme un voyage long et rapide dans un pays, dont on ne peut pas saisir ni les beautés, ni les agréments.

Je pense que même un esprit aussi richement doué que Poincaré et qui possédait toutes les virtuosités du savant et du littérateur, devait éprouver une lassitude, souvent une vraie fatigue, devant la masse de labeur qui se succédait sans relâche et sans trêve pendant des années, et qui devenait de jour en jour plus pressant et plus intense. Mais c’est la vie moderne qui le réclamait, et un homme célèbre tel que Poincaré, populaire parmi les mathématiciens, les physiciens et les philosophes, ne pouvait s’y soustraire.

Peut-être a-t-il considéré que c’était un devoir de son génie envers l’humanité de