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Traité ſur la Tolérance. Chap. XVII.

7°. Comme on dit que les Janſéniſtes communient au moins à Pâques, il ne ſerait pas mal de ſaupoudrer les Hoſties de la drogue dont on ſe ſervit pour faire juſtice de l’Empereur Henri VII. Quelque Critique me dira peut-être, qu’on riſquerait dans cette opération, de donner auſſi la mort aux rats aux Moliniſtes : cette objection eſt forte ; mais il n’y a point de projet qui n’ait des inconvénients, point de ſyſtême qui ne menace ruine par quelque endroit. Si on était arrêté par ces petites difficultés, on ne viendroit jamais à bout de rien : & d’ailleurs, comme il s’agit de procurer le plus grand bien qu’il ſoit poſſible, il ne faut pas ſe ſcandaliſer ſi ce grand bien entraîne après lui quelques mauvaiſes ſuites, qui ne ſont de nulle conſidération.

Nous n’avons rien à nous reprocher : il eſt démontré que tous les prétendus Réformés, tous les Janſéniſtes, ſont dévolus à l’Enfer ; ainſi nous ne faiſons que hâter le moment où ils doivent entrer en poſſeſſion.

Il n’eſt pas moins clair que le Paradis appartient de droit aux Moliniſtes ; donc en les faiſant périr par mégarde, & ſans aucune mauvaiſe intention, nous accélérons leur joye : nous ſommes dans l’un & l’autre cas les Miniſtres de la Providence.

Quant à ceux qui pourraient être un peu effarou-

chés