Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
Traité ſur la Tolérance. Chap. XIV.

pagne, les autres à leur négoce, d’autres outragent les domeſtiques du Roi & les tuent. Le Roi fait marcher ſes Armées contre ces meurtriers & détruit leur Ville ; il envoye ſur les grands chemins convier au feſtin tous ceux qu’on trouve : un d’eux s’étant mis à table ſans avoir mis la robe nuptiale, eſt chargé de fers & jetté dans les ténèbres extérieures.

Il eſt clair que cette allégorie ne regardant que le Royaume des Cieux, nul homme, aſſurément, ne doit en prendre le droit de garotter ou de mettre au cachot ſon voiſin qui ſerait venu ſouper chez lui ſans avoir un habit de noces convenable ; & je ne connais dans l’Hiſtoire aucun Prince qui ait fait pendre un Courtiſan pour un pareil ſujet ; il n’eſt pas non plus à craindre que quand l’Empereur enverra des Pages à des Princes de l’Empire pour les prier à ſouper, ces Princes tuent ces Pages. L’invitation au feſtin ſignifie la prédication du ſalut ; le meurtre des Envoyés du Prince figure la perſécution contre ceux qui prêchent la ſageſſe & la vertu.

St. Luc, Chap. 14.L’autre parabole eſt celle d’un Particulier qui invite ſes amis à un grand ſouper ; & lorſqu’il eſt prêt de ſe mettre à table, il envoye ſon domeſtique les avertir. L’un s’excuſe ſur ce qu’il a acheté une Terre, & qu’il va la viſiter ; cette excuſe ne paraît pas valable, ce n’eſt pas pendant la nuit qu’on va voir ſa Ter-