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Traité ſur la Tolérance. Chap. XII.

de magnanimité, de bienfaiſance ; mais il s’échappe toujours dans le nuage de cette barbarie, ſi longue & ſi affreuſe, des rayons d’une tolérance univerſelle.

Jephté, inſpiré de Dieu, & qui lui immola ſa fille,Juges, Chap. 11, v. 24. dit aux Ammonites : Ce que votre dieu Chamos vous a donné, ne vous appartient-il pas de droit ? Souffrez donc que nous prenions la Terre que notre Dieu nous a promiſe. Cette déclaration eſt préciſe ; elle peut mener bien loin ; mais, au moins, elle eſt une preuve évidente que Dieu tolérait Chamos. Car la ſainte Écriture ne dit pas : Vous penſez avoir droit ſur les terres que vous dites vous avoir été données par le dieu Chamos ; elle dit poſitivement : Vous avez droit, Tibi jure debentur : ce qui eſt le vrai ſens de ces paroles hébraïques, Otho thiraſch.

L’hiſtoire de Michas & du Lévite, rapportée aux 17 & 18 chapitres du Livre des Juges, eſt bien encore une preuve inconteſtable de la tolérance & de la liberté la plus grande, admiſe alors chez les Juifs. La mère de Michas, femme fort riche d’Ephraïm, avait perdu onze cents pièces d’argent ; ſon fils les lui rendit : elle voua cet argent au Seigneur, & en fit faire

    mais il n’eſt que trop vrai que ces horribles ſacrifices ont été preſque par-tout en uſage ; les Peuples ne s’en ſont défaits qu’à meſure qu’ils ſe ſont policés. La politeſſe amène l’humanité.

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