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Papisme.

si vous voulez ; pour moi je ne compte point du tout l’être.

Le Papiste.

Ah ! monsieur, il est bien dur de ne pouvoir damner à son plaisir tous les hérétiques de ce monde ; mais la rage qu’ont les Unitaires de rendre un jour les ames heureuses, n’est pas ma seule peine. Vous savez que ces monstres-là ne croient pas plus à la résurrection des corps, que les Saducéens ; ils disent que nous sommes tous Anthropophages ; que les particules qui composaient votre grand-père & votre bisaïeul, ayant été nécessairement dispersées dans l’atmosphère, sont devenues carottes & asperges, & qu’il est impossible que vous n’ayez mangé quelques petits morceaux de vos ancêtres.

Le Trésorier.

Soit ; mes petits-enfans en feront autant de moi, ce ne sera qu’un rendu ; il en arrivera autant aux Papistes. Ce n’est pas une raison pour qu’on vous chasse des États de Monseigneur, ce n’est pas une raison non plus pour qu’il en chasse les Unitaires. Ressuscitez, comme vous pourrez ; il m’importe fort peu que les unitaires ressuscitent ou non, pourvu qu’ils nous soient utiles pendant leur vie.

Le Papiste.

Et que direz-vous, monsieur, du péché originel, qu’ils nient effrontément ? N’êtes-vous pas tout scandalisé quand ils assurent que le