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Martire.

mains condamnèrent sept vierges de soixante & dix ans chacune à passer par les mains de tous les jeunes gens de la ville d’Ancire, eux qui punissaient de mort les Vestales pour la moindre galanterie ?

C’est apparemment pour faire plaisir aux cabaretiers qu’on a imaginé qu’un cabaretier Chrétien nommé Théodote, pria Dieu de faire mourir ces sept vierges plutôt que de les exposer à perdre le plus vieux des pucelages. Dieu exauça le cabaretier pudibond, & le proconsul fit noyer dans un lac les sept demoiselles. Dès qu’elles furent noyées, elles vinrent se plaindre à Théodote du tour qu’il leur avait joué, & le supplièrent instamment d’empêcher qu’elles ne fussent mangées des poissons. Théodote prend avec lui trois buveurs de sa taverne, marche au lac avec eux, précédé d’un flambeau céleste, & d’un cavalier céleste, repêche les sept vieilles, les enterre, & finit par être pendu.

Dioclétien rencontre un petit garçon nommé St. Romain, qui était bègue ; il veut le faire brûler parce qu’il était Chrétien ; trois Juifs se trouvent là & se mettent à rire de ce que Jésus-Christ laisse brûler un petit garçon qui lui appartient ; ils crient que leur Religion vaut bien mieux que la Chrétienne, puisque Dieu a délivré Sidrac, Mizac & Abdénago de la fournaise ardente. Aussitôt les flammes qui entouraient le jeune Romain, sans lui faire mal, se séparent, & vont brûler les trois Juifs.

L’empereur tout étonné dit qu’il ne veut rien avoir à démêler avec Dieu ; mais un juge