Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
Tolérance. Sect. II.

les mêmes choses pour lesquelles on condamne les hommes au bûcher chez une grande partie des peuples chrétiens.

Theudas, Judas, s’étaient dits Messies avant Jésus. Dosithée, Simon, Ménandre, se dirent Messies après Jésus. Il y eut dès le premier siècle de l’Église, & avant même que le nom de Chrétien fût connu, une vingtaine de sectes dans la Judée.

Les Gnostiques contemplatifs, les Dosithéens, les Cérinthiens, existaient avant que les disciples de Jésus eussent pris le nom de Chrétien. Il y eut bientôt trente Évangiles, dont chacun appartenait à une société différente ; & dès la fin du premier siècle on peut compter trente sectes de chrétiens dans l’Asie mineure, dans la Syrie, dans Alexandrie, & même dans Rome.

Toutes ces sectes méprisées du gouvernement Romain, & cachées dans leur obscurité, se persécutaient cependant les unes les autres dans les souterrains où elles rampaient ; c’est-à-dire, elles se disaient des injures. C’est tout ce qu’elles pouvaient faire dans leur abjection. Elles n’étaient presque toutes composées que de gens de la lie du peuple.

Lorsque enfin quelques Chrétiens eurent embrassé les dogmes de Platon, & mêlé un peu de philosophie à leur Religion qu’ils séparèrent de la Juive, ils devinrent insensiblement plus considérables, mais toûjours divisés en plusieurs sectes, sans que jamais il y ait eu un seul tems où l’Église Chrétienne ait été réunie. Elle a