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Salomon.

Qu’on prenne au hasard quelques-uns de ces proverbes.

Il y a trois choses insatiables, & une quatrième qui ne dit jamais, c’est assez ; le sépulcre, la matrice, la terre, qui n’est jamais rassasiée d’eau ; & le feu, qui est la quatrième, ne dit jamais, c’est assez.

Il y a trois choses difficiles, & j’ignore entièrement la quatrième. La voye d’un aigle dans l’air, la voye d’un serpent sur la pierre, la voye d’un vaisseau sur la mer, & la voye d’un homme dans une femme.

Il y a quatre choses qui sont les plus petites de la terre, & qui sont plus sages que les sages ; les fourmis, petit peuple qui se prépare une nourriture pendant la moisson ; le lièvre, peuple faible qui couche sur des pierres ; la sauterelle, qui n’ayant pas de Rois, voyage par troupes ; le lézard, qui travaille de ses mains & qui demeure dans les palais des Rois.

Est-ce à un grand roi, au plus sage des mortels qu’on ose imputer des niaiseries si basses & si absurdes ? Ceux qui le font auteur de ces plates puérilités, & qui croient les admirer, ne sont pas assurément les plus sages des hommes.

Les Proverbes ont été attribués à Isaïe, à Elzia, à Sobna, à Éliacin, à Joaké, & à plusieurs autres. Mais qui que ce soit qui ait compilé ce recueil de sentences orientales, il n’y a pas d’apparence que ce soit un Roi qui s’en soit donné la peine. Aurait-il dit, que la terreur du Roi est comme le rugissement du lion ?