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Religion. VI. Quest.

Marie Égyptienne, laquelle n’ayant pas de quoi payer les matelots qui l’avaient conduite en Égypte, donna à chacun d’eux ce que l’on appelle des faveurs, en guise de monnaie, nous dirions au brame, Mon révérend père, vous vous trompez, notre religion n’est pas la légende dorée.

Nous reprochons aux anciens leurs oracles, leurs prodiges : s’ils revenaient au monde & qu’on pût compter les miracles de Notre-Dame de Lorette, & ceux de Notre-Dame d’Éphèse, en faveur de qui des deux serait la balance du compte ?

Les sacrifices humains ont été établis chez presque tous les peuples, mais très rarement mis en usage. Nous n’avons que la fille de Jephté, & le roi Agag d’immolés chez les Juifs ; car Isaac & Jonathas ne le furent pas. L’histoire d’Iphigénie n’est pas bien avérée chez les Grecs. Les sacrifices humains sont très rares chez les anciens Romains ; en un mot, la religion payenne a fait répandre très peu de sang, & la nôtre en a couvert la terre. La nôtre est sans doute la seule bonne, la seule vraie ; mais nous avons fait tant de mal par son moyen, que quand nous parlons des autres, nous devons être modestes.


Septième question.


Si un homme veut persuader sa religion à des étrangers, ou à ses compatriotes, ne doit-il pas s’y prendre avec la plus insinuante douceur,