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Prêtre.

ner l’exemple ; ils ne peuvent avoir aucune autorité sur les maîtres de la maison, à moins qu’on ne prouve que celui qui donne des gages doit obéir à celui qui les reçoit.

De toutes les Religions celle qui exclut le plus positivement les prêtres de toute autorité civile, c’est sans contredit celle de Jésus : Rendez à César ce qui est à César. — Il n’y aura parmi vous ni premier ni dernier. — Mon royaume n’est point de ce monde.

Les querelles de l’Empire & du Sacerdoce qui ont ensanglanté l’Europe pendant plus de six siècles, n’ont donc été de la part des prêtres que des rébellions contre Dieu & les hommes, & un péché continuel contre le St. Esprit.

Depuis Calcas qui assassina la fille d’Agamemnon jusqu’à Grégoire XIII & Sixte V, deux Évêques de Rome qui voulurent priver le grand Henri IV du royaume de France, la puissance sacerdotale a été fatale au monde.

Prière n’est pas domination, exhortation n’est pas despotisme. Un bon prêtre doit être le médecin des ames. Si Hippocrate avait ordonné à ses malades de prendre de l’hellébore sous peine d’être pendus, Hippocrate aurait été plus fou & plus barbare que Phalaris, & il aurait eu peu de pratiques. Quand un prêtre dit, Adorez Dieu, soyez juste, indulgent, compatissant, c’est alors un très bon médecin ; quand il dit, Croyez-moi, ou vous serez brûlé, c’est un assassin.

Le Magistrat doit soutenir & contenir le prêtre, comme le père de famille doit donner de