Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
Pierre.

inconnu qu’il a mis dans le ciel de son autorité privée ; c’est là en partie ce que c’est que d’admettre un Pape ; ce sont là les libertés de l’Église Gallicane.

Il y a quelques autres peuples qui portent plus loin leur soumission. Nous avons vu de nos jours un souverain demander au Pape la permission de faire juger par son tribunal royal des moines accusés de parricide, ne pouvoir obtenir cette permission, & n’oser les juger !

On sait assez qu’autrefois les droits des Papes allaient plus loin ; ils étaient fort au-dessus des Dieux de l’antiquité ; car ces Dieux passaient seulement pour disposer des Empires, & les Papes en disposaient en effet.

Sturbinus dit qu’on peut pardonner à ceux qui doutent de la divinité & de l’infaillibilité du Pape, quand on fait réflexion.

Que quarante schismes ont profané la chaire de St. Pierre, & que vingt-sept l’ont ensanglantée ;

Qu’Étienne VII, fils d’un prêtre, déterra le corps de Formose son prédécesseur, & fit trancher la tête à ce cadavre ;

Que Sergius III convaincu d’assassinats, eut un fils de Marozie, lequel hérita de la papauté ;

Que Jean X, amant de Théodora, fut étranglé dans son lit ;

Que Jean XI, fils de Sergius III, ne fut connu que par sa crapule ;

Que Jean XII fut assassiné chez sa maîtresse ;

Que Benoît IX acheta & revendit le Pontificat ;