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États, Gouvernemens.

sages, très dignes peut-être de gouverner, ont écrit sur l’administration des États, soit en France, soit en Espagne, soit en Angleterre. Leurs livres ont fait beaucoup de bien ; ce n’est pas qu’ils aient corrigé les Ministres qui étaient en place quand ces livres parurent, car un Ministre ne se corrige point, & ne peut se corriger ; il a pris sa croissance, plus d’instructions, plus de conseils, il n’a pas le tems de les écouter, le courant des affaires l’emporte ; mais ces bons livres forment les jeunes gens destinés aux places, ils forment les Princes, & la seconde génération est instruite.

Le fort & le faible de tous les gouvernemens a été examiné de près dans les derniers tems. Dites-moi donc, vous qui avez voyagé, qui avez lu & vu, dans quel État, dans quelle sorte de gouvernement voudriez-vous être né ? Je conçois qu’un grand seigneur terrien en France ne serait pas fâché d’être né en Allemagne ; il serait souverain, au lieu d’être sujet. Un pair de France serait fort aise d’avoir les privilèges de la pairie Anglaise, il serait législateur.

L’homme de robe & le financier se trouveraient mieux en France qu’ailleurs.

Mais quelle patrie choisirait un homme sage, libre, un homme d’une fortune médiocre, & sans préjugés ?

Un membre du conseil de Pondichéri, assez savant, revenait en Europe par terre avec un Brame, plus instruit que les Brames ordinaires. Comment trouvez-vous le gouvernement