dent la santé & leurs biens ; & s’il n’y a point de famille à laquelle il ne soit arrivé des malheurs, si ces malheurs sont des châtiments de Dieu, toutes vos familles étaient donc des familles de fripons.
Le prêtre Juif pourrait répliquer encor ; il dirait qu’il y a des malheurs attachés à la nature humaine, & d’autres qui sont envoyés de Dieu expressément. Mais on ferait voir à ce raisonneur combien il est ridicule de penser que la fièvre & la grêle sont tantôt une punition divine, tantôt un effet naturel.
Enfin, les Pharisiens & les Esséniens chez les Juifs, admirent la créance d’un enfer à leur mode : ce dogme avait déjà passé des Grecs aux Romains, & fut adopté par les Chrétiens.
Plusieurs pères de l’Église ne crurent point les peines éternelles ; il leur paraissait absurde de brûler pendant toute l’éternité un pauvre homme pour avoir volé une chèvre. Virgile a beau dire dans son sixième chant de l’Énéïde :
Sedet aeternumque sedebit Infelix Theseus.
Il prétend en vain, que Thésée est assis pour jamais sur une chaise, & que cette posture est son supplice. D’autres croyaient que Thésée est un héros qui n’est point assis en enfer, & qu’il est dans les champs Élisées.
Il n’y a pas longtems qu’un bon honnête ministre huguenot prêcha & écrivit que les damnés auraient un jour leur grace, qu’il fallait une proportion entre le péché & le supplice, & qu’une faute d’un moment ne peut mériter