Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
Du Christianisme.

fit un très grand nombre de miracles, tous attestés par les RR. PP. Jésuites ; quelques-uns disent qu’il ressuscita neuf morts ; mais le R. P. Ribadeneira, dans sa fleur des saints, se borne à dire qu’il n’en ressuscita que quatre ; c’est bien assez. La Providence voulut qu’en moins de cent années il y eût des milliers de catholiques romains dans les îles du Japon. Mais le diable sema son ivraie au milieu du bon grain. Les Chrétiens formèrent une conjuration suivie d’une guerre civile, dans laquelle ils furent tous exterminés en 1638. Alors la nation ferma ses ports à tous les étrangers, excepté aux Hollandais qu’on regardait comme des marchands, & non pas comme des chrétiens, & qui furent d’abord obligés de marcher sur la croix pour obtenir la permission de vendre leurs denrées dans la prison où on les renferme lorsqu’ils abordent à Nangazaki.

La Religion Catholique, Apostolique & Romaine fut proscrite à la Chine dans nos derniers tems, mais d’une manière moins cruelle. Les RR. PP. jésuites n’avaient pas à la vérité ressuscité des morts à la Cour de Pékin, ils s’étaient contentés d’enseigner l’astronomie, de fondre du canon, & d’être mandarins. Leurs malheureuses disputes avec des Dominicains & d’autres, scandalisèrent à tel point le grand Empereur Yontchin, que ce prince qui était la justice & la bonté même, fut assez aveugle pour ne plus permettre qu’on enseignât notre sainte religion, dans laquelle nos missionnaires ne s’accordaient pas. Il les chassa avec une