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Du Christianisme.

de l’ame. Lactance, au liv. 7 de ses institutions divines, dit, que si on osait nier l’existence des ames après la mort, le magicien vous en convaincrait bientôt en les faisant paraître. Irénée, Clément Alexandrin, Tertullien, l’évêque Cyprien, tous affirment la même chose. Il est vrai qu’aujourd’hui tout est changé, & qu’il n’y a pas plus de magiciens que de démoniaques, mais il s’en trouvera quand il plaira à Dieu.

Quand les sociétés chrétiennes devinrent un peu nombreuses, & que plusieurs s’élevèrent contre le culte de l’Empire Romain, les magistrats sévirent contre elles, & les peuples, surtout, les persécutèrent. On ne persécutait point les Juifs qui avaient des privilèges particuliers, & qui se renfermaient dans leurs synagogues ; on leur permettait l’exercice de leur religion, comme on fait encor aujourd’hui à Rome ; on souffrait tous les cultes divers répandus dans l’Empire, quoique le sénat ne les adoptât pas.

Mais les chrétiens se déclarant ennemis de tous ces cultes, & surtout de celui de l’Empire, furent exposés plusieurs fois à ces cruelles épreuves.

Un des premiers, & des plus célèbres martyrs, fut Ignace, évêque d’Antioche, condamné par l’empereur Trajan lui-même, alors en Asie, & envoyé par ses ordres à Rome, pour être exposé aux bêtes, dans un tems où l’on ne massacrait point à Rome les autres Chrétiens. On ne sait point de quoi il était accu-