Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 1.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
Catéchisme Chinois.

couragerez tous les arts, vous récompenserez le mérite en tout genre, vous pardonnerez les fautes involontaires.

Kou.

C’est ce que j’appelle n’être point injuste, ce sont là autant de devoirs.

Cu-su.

Vous pensez en véritable Roi ; mais il y a le Roi & l’homme, la vie publique, & la vie privée. Vous allez bientôt vous marier, combien comptez-vous avoir de femmes ?

Kou.

Mais je crois qu’une douzaine me suffira ; un plus grand nombre pourrait me dérober un tems destiné aux affaires. Je n’aime point ces Rois qui ont des trois cents femmes, & des sept cents concubines, & des milliers d’eunuques pour les servir. Cette manie des eunuques me paraît surtout un trop grand outrage à la nature humaine. Je pardonne tout au plus qu’on chaponne des coqs, ils en sont meilleurs à manger, mais on n’a point encor fait mettre d’eunuques à la broche. À quoi sert leur mutilation ? Le Dalaï-Lama en a cinquante pour chanter dans sa pagode. Je voudrais bien savoir si le Chang-ti se plaît beaucoup à entendre les voix claires de ces cinquante hongres ?

Je trouve encor très ridicule qu’il y ait des bonzes qui ne se marient point ; ils se vantent