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Mais que Tamerlan arrive & subjugue l’Inde ; alors vous ne verrez plus que des loix arbitraires. L’une accablera une province pour enrichir un publicain de Tamerlan ; l’autre fera un crime de lèse-majesté d’avoir mal parlé de la maîtresse du premier valet de chambre d’un raïa ; une troisième ravira la moitié de la récolte de l’agriculteur, & lui contestera le reste ; il y aura enfin des loix par lesquelles un appariteur tartare viendra saisir vos enfans au berceau, fera du plus robuste un soldat, & du plus faible un eunuque, & laissera le père & la mère sans secours & sans consolation.

Or lequel vaut le mieux d’être le chien de Tamerlan ou son sujet ? Il est clair que la condition de son chien est fort supérieure.

loix civiles & ecclésiastiques

On a trouvé dans les papiers d’un jurisconsulte ces notes, qui méritent peut-être un peu d’examen.

Que jamais aucune loi ecclésiastique n’ait de force, que lorsqu’elle aura la sanction expresse du gouvernement. C’est par ce moyen qu’Athènes & Rome n’eurent jamais de querelles religieuses.