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l’esprit étaient donnés même aux indignes, parce qu’alors l’Église avait besoin de miracles ; mais aujourd’hui ils ne sont pas même donnés aux dignes, parce que l’Église n’en a plus de besoin. » Ensuite il avoue qu’il n’y a plus personne qui ressuscite les morts, ni même qui guérisse les malades.

Saint Augustin lui-même, malgré le miracle de Gervais & de Protais, dit dans sa Cité de Dieu : « Pourquoi ces miracles qui se faisaient autrefois ne se font-ils plus aujourd’hui ? » Et il en donne la même raison : « Cur, inquiunt, nunc illa miracula quae praedicatis facta esse, non fiunt ? Possem quidem dicere, necessaria priùs fuisse, quàm crederet mundus, ad hoc ut crederet mundus. »

On objecte aux philosophes que Saint Augustin, malgré cet aveu, parle pourtant d’un vieux savetier d’Hippone, qui ayant perdu son habit alla prier à la chapelle des vingt martyrs, qu’en retournant il trouva un poisson dans le corps duquel il y avait un anneau d’or, & que le cuisinier qui fit cuire le poisson, dit au savetier, Voilà ce que les vingt martyrs vous donnent.

À cela les philosophes répondent qu’il n’y a rien dans cette histoire qui contredise les loix de la nature, que la physique n’est point du tout blessée qu’un poisson ait avalé un anneau d’or, & qu’un cuisinier ait donné cet anneau à un savetier, qu’il n’y a là aucun miracle.

Si on fait souvenir ces philosophes que selon Saint Jérôme,