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ce Messie par excellence, le Christ, fils de Dieu, enfin Dieu lui-même.

Si l’on rapproche tous les divers oracles qu’on applique pour l’ordinaire au Messie, il en peut résulter quelques difficultés apparentes dont les Juifs se sont prévalus pour justifier, s’ils le pouvaient, leur obstination. Plusieurs grands théologiens leur accordent, que dans l’état d’oppression sous lequel gémissait le peuple juif, & après toutes les promesses que l’Éternel lui avait faites si souvent, il pouvait soupirer après la venue d’un Messie vainqueur & libérateur, & qu’ainsi il est en quelque sorte excusable de n’avoir pas d’abord reconnu ce libérateur dans la personne de Jésus,

d’autant plus qu’il n’y a pas un seul passage dans l’Ancien Testament où il soit dit, Croyez au Messie.

Il était dans le plan de la sagesse éternelle, que les idées spirituelles du vrai Messie fussent inconnues à la multitude aveugle ; elles le furent au point que les docteurs juifs se sont avisés de nier que les passages que nous alléguons doivent s’entendre du Messie ; plusieurs disent que le Messie est déjà venu en la personne d’Ézéchias ; c’était le sentiment du fameux Hillel. D’autres en grand nombre prétendent que la croyance de la venue d’un Messie n’est point un article fondamental de foi, & que ce dogme n’étant ni dans le Décalogue, ni dans le Lévitique, il n’est qu’une espérance consolante.

Plusieurs rabbins vous disent qu’ils ne doutent pas, que suivant les anciens oracles le Messie ne soit venu dans les temps marqués ; mais qu’il ne vieillit point, qu’il reste caché sur cette