Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

ni chaud ni froid ; enfin il nous environne d’erreurs convenables à notre nature.

OUANG

Ce que vous nommez erreur n’en est point une. Le soleil tel qu’il est placé à des millions de millions de lis* [1] au-delà de notre globe, n’est pas celui que nous voyons. Nous n’apercevons réellement, & nous ne pouvons apercevoir que le soleil qui se peint dans notre rétine, sous un angle déterminé. Nos yeux ne nous ont point été donnés pour connaître les grosseurs & les distances, il faut d’autres secours & d’autres opérations pour les connaître.

Bambabef parut fort étonné de ce propos. Ouang qui était très-patient lui expliqua la théorie de l’optique ; & Bambabef qui avait de la conception, se rendit aux démonstrations du disciple de Confutsée ; puis il reprit la dispute en ces termes.

BAMBABEF

Si Dieu ne nous trompe pas par le ministère de nos sens, comme je le croyais, avouez au moins que les médecins trompent toujours les enfans pour leur bien ; ils leur disent qu’ils leur donnent du sucre, & en effet ils leur donnent de la rhubarbe. Je peux donc moi, faquir, tromper le peuple qui est aussi ignorant que les enfans.

  1. Un li est de 124 pas.