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TÉOTIME

Mon parti est pris ; je leur permettrai, je les presserai même de cultiver leurs champs les jours de fêtes après le service divin que je ferai de très-bonne heure. C’est l’oisiveté de la férie qui les conduit au cabaret. Les jours ouvrables ne sont point les jours de la débauche & du meurtre. Le travail modéré contribue à la santé du corps & à celle de l’ame : de plus, ce travail est nécessaire à l’État. Supposons cinq millions d’hommes qui font par jour pour dix sous d’ouvrage l’un portant l’autre, & ce compte est bien modéré ; vous rendez ces cinq millions d’hommes inutiles trente jours de l’année. C’est donc trente fois cinq millions de pièces de dix sous que l’État perd en main d’oeuvre. Or certainement, Dieu n’a jamais ordonné, ni cette perte, ni l’yvrognerie.

ARISTON

Ainsi vous concilierez la prière & le travail ; Dieu ordonne l’un & l’autre. Vous servirez Dieu & le prochain ; mais dans les disputes ecclésiastiques, quel parti prendrez-vous ?

TÉOTIME

Aucun. On ne dispute jamais sur la vertu, parce qu’elle vient de Dieu : on se querelle sur des opinions qui viennent des hommes.

ARISTON

Oh le bon curé ! le bon curé !