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ties de mon être, comme il est dans toutes les parties de la nature, je ne vois pas quel besoin j’ai d’une âme. Qu’ai-je à faire de ce petit être subalterne, quand je suis animé par Dieu même ? à quoi me servirait cette ame ? Ce n’est pas nous qui nous donnons nos idées, car nous les avons presque toujours malgré nous ; nous en avons quand nous sommes endormis ; tout se fait en nous sans que nous nous en mêlions. L’âme aurait beau dire au sang & aux esprits animaux, Courez, je vous prie, de cette façon pour me faire plaisir, ils circuleront toujours de la manière que Dieu leur a prescrite. J’aime mieux être la machine d’un Dieu qui m’est démontré, que d’être la machine d’une ame dont je doute.

CU-SU

Eh bien, si Dieu même vous anime, ne souillez jamais par des crimes ce Dieu qui est en vous ; & s’il vous a donné une âme, que cette ame ne l’offense jamais. Dans l’un & dans l’autre systême vous avez une volonté ; vous êtes libre ; c’est-à-dire, vous avez le pouvoir de faire ce que vous voulez ; servez-vous de ce pouvoir pour servir ce Dieu qui vous l’a donné. Il est bon que vous soyez philosophe, mais il est nécessaire que vous soyez juste. Vous le serez encor plus quand vous croirez avoir une ame immortelle.

Daignez me répondre : n’est-il pas vrai que Dieu est la souveraine justice ?