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LE CIEL DES ANCIENS. 89


espèce de demi-voûte, qui embrassait la terre. Le soleil ne faisait point le tour d’un globe qu’ils ne connaissaient pas. Quand il était parvenu à l’occident, il revenait à l’orient par un chemin inconnu ; & si on ne le voyait pas, c’était comme le dit le baron de Feneste, parce qu’il revenait de nuit.

Encor les Hébreux avaient-ils pris ces rêveries des autres peuples. La plupart des nations, excepté l’école des Chaldéens, regardaient le ciel comme solide ; la terre fixe & immobile, était plus longue d’orient en occident que du midi au nord d’un grand tiers ; de là viennent ces expressions de longitude & de latitude que nous avons adoptées. On voit que dans cette opinion il était impossible qu’il y eût des antipodes. Aussi Saint Augustin traite l’idée des antipodes d’absurdité, & Lactance dit expressément, Y a-t-il des gens assez fous pour croire qu’il y ait des hommes dont la tête soit plus basse que les pieds ? &c.

Saint Chrysostome s’écrie dans sa quatorzième homélie, Où sont ceux qui prétendent que les cieux sont mobiles, & que leur forme est circulaire ?

Lactance dit encor au liv. III de ses institutions, Je pourrais vous prouver par beaucoup d’arguments qu’il est impossible que le ciel entoure la terre.

L’auteur du spectacle de la nature pourra dire à M. le chevalier tant qu’il voudra, que Lactance & Saint Chrysostome étaient de grands phi-


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