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88 LE CIEL DES ANCIENS


expliqué leurs pensées, & quand ils l’ont fait, les charlatans de la terre les ont envoyés au ciel par le plus court chemin.

Un écrivain qu’on nomme, je crois, Pluche, a prétendu faire de Moïse un grand physicien ; un autre avait auparavant concilié Moïse avec Descartes, & avait imprimé le Cartesius mozaïzans ; selon lui, Moïse avait inventé le premier les tourbillons & la matière subtile ; mais on sait assez que Dieu qui fit de Moïse un grand législateur, un grand prophète, ne voulut point du tout en faire un professeur de physique ; il instruisit les Juifs de leur devoir, & ne leur enseigna pas un mot de philosophie. Calmet qui a beaucoup compilé & qui n’a raisonné jamais, parle du systême des Hébreux ; mais ce peuple grossier était bien loin d’avoir un systême ; il n’avait pas même d’école de géométrie, le nom leur en était inconnu ; leur seule science était le métier de courtier & l’usure.

On trouve dans leurs livres quelques idées louches, incohérentes, & dignes en tout d’un peuple barbare sur la structure du ciel. Leur premier ciel était l’air, le second le firmament, où étaient attachées les étoiles ; ce firmament était solide & de glace, & portait les eaux supérieures, qui s’échappèrent de ce réservoir par des portes, des écluses, des cataractes, au temps du déluge.

Au-dessus de ce firmament ou de ces eaux supérieures, était le troisième ciel ou l’empyrée, où Saint Paul fut ravi. Le firmament était une