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viennent les curés, les Vicaires, les simples prêtres, les diacres, les sous-diacres, puis paraissent les moines, & la marche est fermée par les capucins.

Mais il y a un peu plus de distance entre Dieu & ses plus parfaites créatures, qu’entre le saint père & le doyen du sacré collège : ce doyen peut devenir pape, mais le plus parfait des génies créés par l’être suprême, ne peut devenir Dieu ; il y a l’infini entre Dieu & lui.

Cette chaîne, cette gradation prétendüe n’existe pas plus dans les végétaux & dans les animaux ; la preuve en est qu’il y a des espèces de plantes & d’animaux qui sont détruites. Nous n’avons plus de murex. Il était défendu de manger du griffon & de l’ixion ; ces deux espèces ont disparu de ce monde, quoi qu’en dise Bochart : où donc est la chaîne ?

Quand même nous n’aurions pas perdu quelques espèces, il est visible qu’on en peut détruire. Les lions, les rinoceros commencent à devenir fort rares.

Il est très-probable qu’il y a eu des races d’hommes qu’on ne retrouve plus ; mais je veux qu’elles aient toutes subsisté, ainsi que les blancs, les nègres, les Caffres à qui la nature a donné un tablier de leur peau, pendant du ventre à la moitié des cuisses ; les Samoyedes dont les femmes ont un mammelon d’un bel ébéne, &c.

N’y a-t-il pas visiblement un vuide entre le singe & l’homme ? n’est-il pas aisé d’imaginer