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ÉPILOGUE. ODo

l'inimitahle Racine ; ceux qui se croient des Ïive-Livc pour avoir copié des dates; ceux qui écrivent l'histoire avec le style familier de la conversation, ou qui font des phrases au lieu de nous apprendre des faits: ceux qui, inconnus au harreau, publient les recueils de leurs plaidoyers* inconnus au public; ceux qui soutiennent une cause respectable par d'absurdes arguments, et qui ont la bêtise de rapporter les objections les plus accablantes pour y faire les réponses les plus frivoles et les plus sottes; ceux qui trafiquent de la louange et de la satire, comme on vend des merceries dans une boutique, et qui jugent insolemment de tout ce qui est approuvé, sans avoir jamais pu rien produire de supportable; ceux qui... On aurait plutôt compté les dettes de l'Angleterre que le nombre de ces excréments du Parnasse.

Nous avons donc besoin qu'il s'élève enfin parmi nous un homme qui sache détruire cette vermine, qui encourage le bon goût et qui proscrive le mauvais, qui puisse donner le précepte et l'exemple. ]\Iais où le trouver? qui sera assez éclairé et coura- geux?... Ah! si M. l'abbé d'Olivet, notre cher compatriote, pouvait prendre cette peine! Mais il est trop vieux, et l'ex-jésuite Nonotte- infecte impunément notre Franche-Comté,

1. Les Plaidoyers et Mémoires de Mannory ont été recueillis en dix-huit volumes in-12. (B.)

2. Nous commençons pourtant à espérer que Nonotte se décrassera. Un magis- trat de notre ville le trouva ces jours passés dansant, en veste et en culotte déchi- rée, avec doux filles de quinze ans. Le voilà dans le bon chemin. On a réprimandé les deux filles; elles ont répondu qu'elles l'avaient pris pour un singe. A l'égard de Patouillet, il n'y a rien à espérer de lui; le maraud a pris son pli. En qualité de Franc-Comtois, je ne cherche pas les expressions délicates quand j'ai trouvé les vraies. Le mot propre est quelquefois nécessaire, quoique la métaphore ait ses agréments. On m'a parlé aussi d'un ex-jésuite nommé Prost, impliqué dans la sainte banqueroute de frère La Valette*, lequel Prost est retiré à Dole sous le nom de Rotalier : il a déjà fait son marché avec tous les épiciers de la province pour leur vendre ses Remarques sur le pontificat de Grégoire VII, de Jean XII, d'Alexandre VI ; sur l'ulcère malin dont Léon X fut attaqué dans le périnée; sur la liberté d'indif- férence, VOptimisme, Zaïre, Tancrède, Nanine, Mérope, le Siècle de Louis XIV, et la Princesse de Dabylone. Nous pourrons joindre ici frère Prost, dit Rotalier, à frère Nonotte et à frère Patouillet, quand nous serons de loisir, et que nous aurons envie de rire. Ce n'est pas que nous négligions Cogé, et Larcher, et Guyon, et les grands hommes attachés à la secte des convulsionnairos, de qui les écrits donnent des convulsions. Nous sommes justes, nous n'avons acception de personne :

Los, asiJiusve fuat, nulle discrimine liabemus.

{Note de Voltaire.]

■"On ne sait pas do quelle banqueroute parle ici M. C..., avocat de Besançon, auteur de cet épilogue; car le révérend père La Valette, ou frère La Valette (comme on voudra), a fait deux banqueroutes ad majorem Dei gloriam, l'une à la Guadeloupe ou Guadaloupe, l'autre à Londres. (ISote de Yoltaire.)

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