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Tous les mondes naissants connurent leurs limites.
Il imposa des lois à Saturne, à Vénus,
Aux seize orbes divers dans nos cieux contenus,
Aux éléments unis dans leur utile guerre,
A la course des vents, aux flèches du tonnerre,
A l’animal qui pense, et né pour l’adorer,
Au ver qui nous attend, né pour nous dévorer.
Aurons-nous bien l’audace, en nos faibles cervelles,
D’ajouter nos décrets à ces lois immortelles [1] ?
Hélas ! serait-ce à nous, fantômes d’un moment,
Dont l’être imperceptible est voisin du néant,
De nous mettre à côté du maître du tonnerre,
Et de donner en dieux des ordres à la terre ?

  1. On ne doit entendre par ce mot décrets que les opinions passagères des hommes, qui veulent donner leurs sentiments particuliers pour des lois générales. (Note de Voltaire, 1756.)