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SIXIÈME DISCOURS.

��SUR LA NATURE DE L'HOMME.

« La voix de la vertu préside à tes concerts: Elle m'appelle à toi par le charme des vers. Ta grande étude est Tliomme, et de ce labyrinthe Le fil de la raison te fait chercher l'enceinte. Montre l'homme à mes yeux: honteu"X de m'ignorer, Dans mon être, dans moi, je cherche à pénétrer. Despréaux et Pascal en ont fait la satire; Pope, et le grand Leibnitz, moins enclins à médire, Semblent dans leurs écrits prencfre un' sage milieu ; Ils descendent à l'homme, ils s'élèvent à Dieu : Mais quelle épaisse nuit voile encor la nature ! Sois rOEdipe nouveau de cette énigme obscui'e. Chacun a dit son mot, on a longtemps rêvé : Le vrai sens de l'énigme est-il enfin trouvé?

« Je sais bien qu'à souper, chez Laïs ou Catulle, Cet examen profond passe pour ridicule : Là, pour tout argument, quelques couplets malins Exercent plaisamment nos cerveaux libertins. Autre tem^^ autre étude; et la raison sévère Trouve acc(^ à son tour, et peut ne point déplaire. Dans le fond de son cœur on se plaît à rentrer ; Nos yeux cherchent le jour, lent à nous éclairer. Le grand monde est léger, inappliqué, volage ; Sa voix trouble et séduit : est-on seul, on est sage. Je veux l'être ; je veux m'élever avec toi Des fanges de la terre au trône de son roi. Montre-moi, si tu peux, cette chaîne invisible Du monde des esprits et du monde sensible ; Cet ordre si caché de tant d'êtres divers, Que Pope après Platon crut voir dans l'univers. »

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