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De dix gredins qui m’ont vendu leur voix,
C’est le plus bas, mais c’est le plus fidèle ;
Esprit distrait, on prétend que parfois,
Tout occupé de ses œuvres chrétiennes,
Il prend d’autrui les poches pour les siennes.
Il est d’ailleurs si sage en ses écrits !
Il sait combien, pour les faibles esprits,
La vérité souvent est dangereuse ;
Qu’aux yeux des sots sa lumière est trompeuse,
Qu’on en abuse ; et ce discret auteur,
Qui toujours d’elle eut une sage peur,
A résolu de ne la jamais dire.
Moi, je la dis à Votre Majesté ;
Je vois en vous un héros que j’admire,
Et je l’apprends à la postérité.
Favorisez ceux que la calomnie
Voulut noircir de son souffle empesté ;
Sauvez les bons des filets de l’impie ;
Délivrez-nous, vengez-nous, payez-nous :
Foi de Frélon, nous écrirons pour vous. "



Alors il fit un discours pathétique
Contre l’Anglais et pour la loi salique,
Et démontra que bientôt sans combat
Avec sa plume il défendrait l’État.
Charle admira sa profonde doctrine ;
Il fit à tous une charmante mine,
Les assurant avec compassion
Qu’il les prenait sous sa protection.

    plus calomnieuses. Il fît imprimer à Francfort, en quatre petits volumes, le Siècle de Louis XIV, qu'il falsifia et qu'il chargea de remarques, non-seulement rebutantes par la plus crasse ignorance, mais punissables pour les calomnies atroces répandues contre la maison royale et contre les plus illustres maisons du royaume. Tous ceux dont il est ici question ont écrit des volumes d'ordures contre celui qui daigne ici les faire connaître. Il y a des gens qui sont bien aises de voir insulter, calomnier, par des gredins, les hommes célèbres dans les arts. Ils leur disent : « N'y faites pas attention, laissez crier ces misérables, afin que nous ayons le plaisir de voir des gueux vous jeter de la boue. » Nous ne pensons pas ainsi; nous croyons qu'il faut punir les gueux quand ils sont insolents et fripons, et surtout quand ils ennuient. Ces anecdotes trop véritables se trouvent en vingt endroits, et doivent s'y trouver, comme des sentences affichées contre les malfaiteurs au coin de toutes les rues : « Oportet cognosci malos. » (Note de Voltaire, 1773.) — Les faits imputés ici à La Beaumelle sont rapportés avec plus de déveleppements dans d'autres écrits de Voltaire, notamment dans la XVIIe des Honnêtetés littéraires, et dans le Supplément au Siècle de Louis XIV, première partie, neuvième alinéa, (R.)