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Les murs sacrés d’eux-mêmes se fondèrent ;
Et ce que l’art a de plus précieux,
De plus brillant, de plus industrieux,
Fut employé depuis par les saints pères,
Maîtres du monde, et du ciel grands vicaires,
A l’ornement de ces augustes lieux.
Les deux amants de cheval descendirent,
D’un cœur contrit à deux genoux se mirent ;
Puis chacun d’eux, pour accomplir son vœu,
Offrit des dons pleins de magnificence,
Tous acceptés avec reconnaissance
Par la Madone et les moines du lieu.



Au cabaret les deux amants dînèrent ;
Et ce fut là qu’à table ils rencontrèrent
Un brave Anglais, fier, dur, et sans souci,
Qui venait voir la sainte Vierge aussi
Par passe-temps, se moquant dans son âme
Et de Lorette, et de sa Notre-Dame :
Parfait Anglais, voyageant sans dessein,
Achetant cher de modernes antiques,
Regardant tout avec un air hautain,
Et méprisant les saints et leurs reliques.
De tout Français c’est l’ennemi mortel,
Et son nom est Christophe d’Arondel.
Il parcourait tristement l’Italie ;
Et se sentant fort sujet à l’ennui,
Il amenait sa maîtresse avec lui,
Plus dédaigneuse encor, plus impolie,
Parlant fort peu, mais belle, faite au tour,
Douce la nuit, insolente le jour,
A table, au lit, par caprice emportée,
Et le contraire en tout de Dorothée.
Le beau baron, du Poitou l’ornement,
Lui fit d’abord un petit compliment,
Sans recevoir aucune repartie ;
Puis il parla de la vierge Marie ;

    mourut comme un chien. Les historiens qui ont parlé ainsi de Boniface n'avaient pas de pension de la cour de Rome. (Note de Voltaire, 1773). — Il y a dans la citation, quoique tronquée, assez peu de modestie, La voici au complet :

    Verum ubi plura nitent ia carmine, non ego paucis
    Offendar maculis. Hor., de Arte poct., 351. (R.)