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598 VAlllAMl-S DU TK.Ml'Li' DU GOUT.

M;iis ])rèchez, jo vous on supplio, Certains prétendus lieaux esprits, Qui, du faux goût toujours épris, Et toujours me faisant insulte, Ont tout l'air d'avoir entrepris De traiter mes lois et mon culte Gomme l'on traite leurs écrits. »

Il les pria de faire ses coinpliineiits ii un jeune prince qu'il aime lendre- nient ; et, séchaufifant à son nom avec un peu d'enthousiasme, que ce dieu ne dédaigne pas quehiuefois, mais qu'il sait toujours modérer, il prononça ces vers avec vivacité :

« Que toujours Clermonti s'illumine Des vives clartés de ma loi; Lui, sa sœur, les Amours et moi, Nous sommes de même origine. Conti, sachez à votre tour • Que vous êtes né pour me plaire Aussi bien qu'au dieu de l'amour. J'iiimai jadis votre grand-père; Il fut le charme de ma cour : De ce héros suivez l'exemple; Que vos beaux jours me soient soumis; Croyez-moi, venez dans ce temple. Où peu de princes sont admis. Vous, noble jeunesse de France, Secondez les chants dos beaux-arts. Tandis que les foudres de Mars Se reposent dans le silence; Que dans ces fortunés loisirs L'esprit et la délicatesse, Nouveaux guides de la jeunesse, Soient l'âme de tous vos plaisirs. Je vois ïhalie et Melpomène- Vous suivre en secret quelquefois, Et quitter Gaussin et Dufresne Pour venir entendre vos voix. Et vous applaudir sur la scène. Que des muses à vos genoux Les lauriers à jamais fleurissent; Que ces arbres s'enorgueillissent De se voir cultivés par vous.

��1. M. le comte de Clermont, prince du sang, a fondé, à l'âge de vingt ans, une académie des arts, composée de cent personnes qui s'assemblent chez lui, et il donne une protection marquée aiix gens de lettres. On ne saurait trop proposer un tel exemple aux jeunes princes. (Sole de Votlnire, IT.i'S.)

2. II y a plus de vingt maisons dans Paris dans lesquelles on représente des tragédies et des comédies : on a fait même beaucoup de pièces nouvelles pour ces sociétés particulières. On ne saurait croire combien est utile cet amusement, qui demande beaucoup de soin çt d'attention : il forme le goût do la jeunesse, il donne de la grâce au corps et à l'esprit, il con- tribue au talent de la parole, il rutire les jeunes gens de la débauche, eu les accoutumant aux plaisirs purs de l'esprit. (Id., IVi'i.)

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