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VARIANTES DU TEMPLE DU GOUT. o8S

Trcni]i('s an poison satirique

Dont tii t'enivres à longs traits.

Autrefois de ta félonie

Thcniis te donna le guerdon :

Par arrêt ta muse est bannie'

Pour certains couplets de chanson,

Et pour un fort mauvais facton

Que to dicta la calomnie.

Mais par l'équitable Apollon

Ta rage fut bientôt punie :

Il t'ota le pou de génie

Dont tu dis qu'il t'avait fait don :

11 te priva de l'harmonie;

Et tu n'as plus rien aujourd'hui

Que la faiblesse et la manie

De rimer encor malgré lui

Des vers tudcsques, qu'il renie. )>

Page .'367, li-ne 16. — Édition de 1733 :

A l'égard de Lucrèce, il fut einl)arrassé en voyant son ennemi; il le regarda d'un œil un peu fâché, surtout quand il vit combien il est aimable, et comme il parait fait pour avoir raison.

Son rival charmant lui parla

Avec sa grâce naturelle,

Et cependant il y mêla

Un peu de catholique zèle.

<( Ç:\, dit-il, puisque vous voilà,

L'âme a bien l'air d'être immortelle :

Que répondez-vous à cela?

— Ah! laissons ces disputes-là,

Dit le vieux chantre d'Épicure.

J'ai fort mal connu la nature :

Mais ne me poussez point à bout;

Que votre muse me pardonne :

Vous êtes chez le dieu du Goût,

Non sur les bancs de la Sorbonne. »

Ces messieurs n'argumentèrent donc point, et épargnèrent une dispute aux gens de goût, qui n'aiment pas volontiers l'argument.

Lucrèce récita seulement quekjues-uns de ses beaux vers, qui ne prou- vent rien; le cardinal dit aussi des siens, ce qui lui arrive trop rarement h

��1. Rousseau fut condamné à l'amende honorable et au bannissement perpétuel, pour des couplets infâmes faits contre ses amis, et dont il accusa M. Saurin, de l'Académie des sciences, d'être l'auteur. Le factum de Rousseau passe pour être exirêmemeat mal écrit ; celui de M. Saurin est un chef-d'œuvro d'esprit et d'éloquence. { Note de Vollaire, 1133.) Roussea.\i, banni de France, s'est brouillé avec tous ses protecteurs, et a continué do déclamer inutile- ment contre ceux qui faisaient honneur à la France par leurs ouvrages, comme MM. de Fontenelle, Crébillon, Destouches, Dubos, etc., etc. (/cf., T/SO.) — Quant aux vers qu'il fit depuis sa sortie de Franco, il est constant qu'ils ne sont pas de la force des autres. Son style est dur, corrompu, et plein des défauts mêmes qu'il avait tant reprochés à Lamotte. Quant à son bannissement de France, il est absurde de penser que le Châtclet et le parlement l'aient unanimement condamné sans des prouves convaincantes. {Id., l'752.)

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