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IDKE DE LA HENRIADE. 44

devoir dire un mot de l'esprit dans lequel il a été composé. On n'a voulu ni flatter ni médire. Ceux qui trouveront ici les mau- vaises actions de leurs ancêtres n'ont qu'à les réparer par leur vertu. Ceux dont les aïeux y sont nommés avec éloge ne doivent aucune reconnaissance à l'auteur, qui n'a eu en vue que la vérité ; et le seul usage qu'ils doivent faire de ces louanges, c'est d'en mériter de pareilles.

8i l'on a, dans cette nouvelle édition, retranché ([uelquesvers* qui contenaient des vérités dures contre les papes qui ont autre- fois déshonoré le saint-siége par leurs crimes, ce n'est pas qu'on fasse II la cour de Rome l'affront de penser qu'elle veuille rendre respectable la mémoire de ces mauvais pontifes : les Français qui condamnent les méchancetés de Louis XI et de Catherine de Médicis peuvent parler sans doute avec horreur d'Alexandre VI. Mais l'auteur a élagué ce morceau, uniquement parce qu'il était trop long, et qu'il y avait des vers dont il n'était pas content.

C'est dans cette seule vue qu'il a mis beaucoup de noms à la place de ceux qui se trouvent dans les premières éditions, selon qu'il les a trouvés plus convenables à son sujet, ou que les noms mêmes lui ont paru plus sonores. La seule politicjuc dans un poëme doit être de faire de bons vers. On a retranché la mort d'un jeune Boufflers, qu'on supposait tué par Henri IV, parce que, dans cette circonstance, la mort de ce jeune homme semblait rendre Henri IV un peu odieux, sans le rendre plus grand "-. On a fait passer Duplessis-Mornay en Angleterre auprès de la reine Elisabeth, parce que effectivement il y fut envoyé, et qu'on s'y ressouvient encore de sa négociation. On s'est servi de ce même Duplessis-Mornay dans le reste du poëme, parce qu'aj ant joué le rôle de confident du roi dans le premier chant, il eût été ridicule

1. On avait, dans l'édition de 1730, retranché du chant IV seize vers de l'édi- tion de 1728, commençant par

L'É^'Iise, dès co jour puissante et profanée,

et finissant par

Peu de pasteurs sans tache et beaucoup de t3Tans.

On avait aussi retranche du chant VII vingt-deux vers, commençant par

La mort est à ses pieds, elle amène à la fois,

et finissant par

S'élèvent contre nous dans le jour du trépas.

Voyez vers 199 du chant IV et vers 79 du chant VII, ainsi que les variantes de ces passages. (B.)

2. Voyez les variantes du chant IV.

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