Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/577

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE TK.MPLE DU GOUT. 559

Voyez ceci, c'esl [)oiir voire chapelle ; Sur ma parole achetez ce tableau, C'est Dieu le père en sa gloire éternelle, Peint galamment dans le goût de Wateau '. )>

Et cependant un IVipon de libraire, Des beaux esprits écumeur mercenaire. Tout liellegarde à ses yeux étalait, Gacon, Le Noble, et jusqu'à Desfontaines, Recueils nouveaux, et journaux à centaines : Et monseigneur voulait lire, et bâillait.

Je crus en être quitte pour ce petit retafdeinent, et que nous allions anivcr au temple sans autre mauvaise fortune : mais la route est plus dangereuse que je ne pensais. Nous trouvâmes bientôt une nouvelle embuscade.

Tel un dévot infatigable.

Dans l'étroit chemin du salut, , Est cent fois tenté par le diable '. Avant d'arriver à son but.

C'était un concert que donnait un homme de robe, fou de la musique, qu'il n'avait jamais apprise, et encore plus fou de la musique italienne, qu'il ne connaissait que par de mauvais airs inconnus à Rome, et estropiés en France par quelques filles de l'Opéra.

Il faisait exécuter alors un long- récitatif français, mis en musique par un Italien qui ne savait pas notre langue. En vain on lui remontra que cette espèce de musique, qui n'est qu'une déclamation notée, est nécessairement asservie au génie de la langue, et qu'il n'y a rien de si ridicule que des scènes françaises chantées à l'italienne, si ce n'est de l'italien chanté dans le goût français.

« La nature féconde, ingénieuse, et sage,

Par ses dons partagés ornant cet univers,

Parle à tous les humains, mais sur des tons divers.

Ainsi que son esprit tout peuple a son langage.

Ses sons et ses accents à sa voix ajustés.

Des mains de la nature exactement notés :

i. Wateau est un peintre flamand qui a travaillé à Paris, où il est mort il y a quelques années. Il a réussi dans les petites figures qu'il a dessinées, et qu'il a très-bien groupées; mais il n'a jamais rien fait de grand, il en était incapable. ( Note de Voltaire, 1733.) — Il est mort à Nogent-sur-Marne en 1721. (B.)

�� �