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EST FONDEE LA HENUIADE. 37

mais ma dernière pensée sera à Dieu, et ravant-dcrnière à vous, » Au reste, on omet plusieurs faits considérables, qui, n'ayant point de place dans le poëme, n'en doivent point avoir ici. On ne parle ni de l'expédition du duc de Parme en France, qui ne servit (^u'à retarder la chute de la Ligue, ni de ce cardinal de Dourbon, qui fut quelque temps un fantôme de roi sous le nom (le Charles X, Il suffit de dire qu'après tant de malheurs et de <lésolation, Henri IV se fit catholique, et que les Parisiens, qui haïssaient sa religion et révéraient sa personne, le reconnurent alors pour leur roi *,

1. Dans l'édition de 1730, on lisait ce passage, qui se trouve encore dans une cdition de 1732, mais qui n'est plus dans celle de 1733 :

« Après avoir mis sous les yeux du lecteur un petit abrégé de l'histoire qui sort de fondement à la flenriade, il semblerait qu'on dût, selon l'usage, donner ici une dissertation sur l'épopée, d'autant plus que le P. Le Bossu a bien donne des règles pour composer un poëme épique en grec ou en latin, mais non pas en français, et qu'il a écrit beaucoup plus pour les mœurs des anciens que pour les nôtres; ordinaire défaut des savants qui connaissent mieux leurs auteurs classiques que leur propre pays, et qui, sachant Plante par cœur, mais n'ayant jamais vu représenter une pièce de Molière, nous donnent pourtant des règles du théâtre.

« Plusieurs personnes demandaient qu'on imprimât à la tète de cette édition un petit ouvrage intitulé Essai sur la poésij épique, composé en anglais par M. de Voltaire en 172(5, imprimé plusieurs fois à Londres. Il comptait le donner ici tel qu'il a été traduit en français par M. l'abbé Guyot-Desfontaines, qui écrit avec plus d'élégance et de pureté que personne, et qui a contribué beaucoup à décrier en France ce style recherché et ces tours alïectés qui commençaient â infecter les ouvrages des meilleurs autours. M. de Voltaire ne se serait pas flatté de le traduire lui-même aussi bien que M. l'abbé Desfontaines l'a traduit ( â quelques inadver- tances près ). Mais il a considéré que cet Essai est plutôt un simple exposé des poëmes épiques anciens et modernes, qu'une dissertation bien utile sur cet art. Le poëme épique sur lequel il s'étendait le plus était le Paradis perdu de Milton, ouvrage alors ignoré en France, mais qui est aujourd'hui très-connu par la belle traduction qu'en a faite, quoique en prose, M. Dupré de Saint-Maur.

« On prend donc le parti de renvoyer ceux qui seraient curieux de lire cet Essai sur PÉpopée à la traduction de M. Desfontaines, à Paris, chez Chaubcrt, quai des Augustins.

« Ce n'est que le projet d'un plus long ouvrage que M. de Voltaire a composé depuis, et qu'il n'ose f;iire imprimer, ne croyant pas que ce soit à lui de donner des règles pour com-ir dans une carrière dans laquelle il n'a fait peut-être que broncher.

« Il se contentera donc de faire ici quelques courtes observations nécessaires à des lecteurs peu instruits d'ailleurs, qui pourraient jeter les yeux sur ce poëme. »

C'est immédiatement après ce morceau que venait l'Idée sur la Henriade.

Quant à VEssai sur la poésie épique, il est dans le présent volume après le po«mc. (B.)

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