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466 ODE XV.

r.ougissez, âmes communes, Dont les diverses fortunes Gouvernent les sentiments, Frêles vaisseaux sans boussole. Qui tournez au gré d'Éole, Pins légers que ses enfants.

Cependant elle meurt, et Zoïle respire !

Et des lâches Séjans un lâche imitateur

A la vertu tremblante insulte avec empire ;

Et l'hypocrite en paix sourit au délateur ! Le troupeau faible des sages, Dispersé par les orages. Va périr sans successeurs ; Leurs noms, leurs vertus, s'oublient, Et les enfers multiplient La race des oppresseurs.

Tu ne chanteras plus, solitaire Sylvandre, Dans ce palais des arts où les sons de ta voix Contre les préjugés osaient se faire entendre. Et de l'humanité faisaient parler les droits ; Mais, dans ta noble retraite. Ta voix, loin d'être muette. Redouble ses chants vainqueurs. Sans flatter les faux critiques, Sans craindre les fanatiques. Sans chercher des protecteurs.

Vils tyrans des esprits, vous serez mes victimes. Je vous verrai pleurer à mes pieds abattus ; A la postérité je peindrai tous vos crimes De ces mâles crayons dont j'ai peint les vertus. Craignez ma main raffermie : A l'opprobre, à l'infamie. Vos noms seront consacrés, Comme le sont à la gloire Les enfants de la Victoire Que ma muse a célébrés.

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