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Que tu plains ta fécondité !

Sous tes débris ensevelie,

Que tu déplores ta beauté !

Je vois tes moissons dévorées

Par les nations conjurées

Qui te flattaient de te venger :

Faible, désolée, expirante,

Tu combats d'une main tremblante

l*our le choix d'un maître étranger.

Que toujours armés pour la guerre Nos rois soient les dieux de la paix ; Que leurs mains portent le tonnerre, Sans se plaire à lancer ses traits. Nous chérissons un berger sage, Qui, dans un heureux pâturage, l nit les troupeaux sous ses lois. Malheur au pasteur sanguinaire Qui les expose en téméraire A la dent du ty^-an des bois !

Eh ! que m'importe la victoire D'un roi qui me perce le flanc, D'un roi dont j'achète la gloire De ma fortune et de mon sang ! Quoi ! dans l'horreur de l'indigence, Dans les langueurs, dans la souffrance, Mes jours seront-ils plus sereins Quand on m'apprendra que nos princes Aux frontières de nos provinces Nagent dans le sang des Germains ?

Colbert, toi qui dans ta patrie Amenas les arts et les jeux; Colbert, ton heureuse industrie Sera plus chère à nos neveux Que la vigilance inflexible De Louvois, dont la main terrible Embrasait le Palatinat, Et qui, sous la mer irritée. De la Hollande épouvantée Voulait anéantir l'État.

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