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420 ODE V.

Magistrats d'un nouveau modèle, Que l'enfer en courroux a faits ; Vils partisans de la Fortune, Que le cri du faible importune, Par qui les bons sont abattus, Chez qui la Cruauté farouche, Les Préjugés au regard louche. Tiennent la place des Vertus?

Nous périssons : tout se dérange; Tous les états sont confondus. Partout règne un désordre étrange : On ne voit qu'hommes éperdus ; Leurs cœurs sont fermés à la joie : Leurs biens vont devenir la proie De leurs ennemis triomphants. désespoir ! notre patrie N'est plus qu'une mère en furie Qui met en pièces ses enfants.

Je sens que mes craintes redoublent ; Le ciel s'obstine à nous punir. Que d'objets affligeants me troublent! Je lis dans le sombre avenir. Bientôt les guerres intestines. Les massacres, et les rapines, Deviendront les jeux des mortels. On souillera le sanctuaire : Les dieux d'une terre étrangère Vont déshonorer nos autels.

Vieille erreur, respect chimérique, Sortez de nos cœurs mutinés; Chassons le sommeil léthargique Qui nous a tenus enchaînés. Peuple ! que la flamme s'apprête ; J'ai déjà, semblable au prophète. Percé le mur d'iniquité : Volez, détruisez l'Injustice; Saisissez au bout de la lice La désirable Liberté.

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