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LA CHAMBRE DE JUSTICE. 4t9

Une ordonnance criminelle Veut qu'en public chacun révèle Les opprobres de sa maison ; Et, pour couronner l'entreprise, On fait d'un pays de franchise lue immense et vaste prison.

Quel gouffre sous mes pas s'entr'ouvre! Quels spectres me glacent d'effroi ! L'enfer ténébreux se découvre : C'est Tysiphone, je la voi. La Terreur, l'Envie, et la Rage, Guident son funeste passage : Des foudres partent de ses yeux ; Elle tient dans ses mains perfides Un tas de glaives homicides Dont elle arme des furieux.

Déjà la troupe meurtrière Commence ses sanglants exploits ; Elle ouvre l'affreuse carrière Par le renversement des lois. Contre la force et l'imposture La foi, la candeur, la droiture. Sont des asiles impuissants. Tout cède à l'horrible tempête ; S'il tombe une coupable tête, On égorge mille innocents.

Tel, sortant du mont de Sicile, Un torrent de soufre enflammé Engloutit un terrain fertile Et son habitant alarmé ; Tel un loup, fumant de carnage. Enveloppe dans son ravage Les bergers avec les troupeaux ; Telle était, moins terrible encore, La fatale boîte où Pandore Cachait à nos yeux tous les maux.

Dans cet odieux parallèle

Ne rencontrez-vous pas vos traits,

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