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cependant si difficiles à rendre, rien ne distinguerait la bataille de Fontenoy d’avec celle de Tolbiac ’. Despréaux, dans le passage du Rhin, a dit- :

Revel les suit de près : sous ce chef redouté
Marche des cuirassiers l’escadron indompté.

On a peint ici les carabiniers, au lieu de les appeler par leur nom, qui convient encore moins au vers que celui de cuirassiers. On a même mieux aimé, dans cette dernière édition, caractériser la l’onction de l’état-major que de mettre en vers les noms des officiers de ce corps qui ont été blessés.

Cependant on a osé appeler la maison du roi par son nom, sans se servir d’aucune autre image. Ce nom de maison du roi, qui contient tant de corps invincibles, imprime une assez grande idée, sans qu’il soit besoin d’autre figure ; M. Addison même ne l’appelle pas autrement. Mais il y a encore une autre raison de l’avoir nommée, c’est la rapidité de l’action.

Vous, peuple de héros dont la foule s’avance,
...
Louis, son fds, l’État, l’Europe est en vos mains :
Maison du roi, marchez, etc. ^

Si on avait dit : la maison du roi marche, cette expression eût été prosaïque et languissante.

On n’a pas voulu un moment s’écarter dans cet ouvrage de la gravité du sujet. Despréaux, il est vrai, en traitant le passage du Rhin dans le goût de quelques-unes de ses épîtres, a joint le plaisant à l’héroïque; car après avoir dit* :

Un bruit s’épand qu’Enghien et Condé sont passés :
Condé, dont le seul nom fait tomber les murailles,
Force les escadrons, et gagne les batailles;
Enghien, de son hymen le seul et digne fruit, etc.,

il s’exprime ensuite ainsi ^ :

Bientôt... mais Wurts s’oppose à l’ardeur qui m’anime.
Finissons, il est temps : aussi bien si la rime

1. La bataille de Tolbiac fut gagnée par Clovis en 495.

2. Épître IV, vers 103-104.

3. Vers 174, 177.

4. Épitre IV, vers 132-135.

5. Id., vers 149-152.