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��376 DISCOURS PU fiLIMIXAI RE.

Ktats-r.i'néraux : et (railleurs la reine de Hongrie, qui ajoute tant à la gloire de la maison (rAulriclie, sait combien les Français respectent sa personne et ses vertus, en étant forcés de la com- battre.

Quand on dit* des Anglais, et la férocité le cède à la vertu, on a eu soin d'avertir en note, dans toutes les éditions, que le reproche de férocité ne tombait que sur le soldat.

En elfet, il est très-véritable que lorsque la colonne anglaise déborda Fontenoy, plusieurs soldats de cette nation crièrent : « No quartcr, point de quartier; » on sait encore que, quand M. de Séchelles seconda les intentions du roi avec une prévoyance si singulière, et qu'il fit préparer autant de secours pour les pri- sonniers ennemis blessés que pour nos troupes, quelques fan- tassins anglais s'acharnèrent encore contre nos soldats dans les chariots mêmes où l'on transportait les vainqueurs et les vaincus blessés. Les officiers, qui ont à peu près la même éducation dans toute l'Europe, ont aussi la même générosité; mais il y a des pays où le peuple, al)andonné à lui-même, est plus farouche qu'ailleurs. On n'en a pas moins loué la valeur et la conduite de cette nation, et surtout on n'a cité le nom de M. le duc de Cum- berland - qu'avec l'éloge que sa magnanimité doit attendre de tout le monde.

Quelques étrangers ont voulu persuader au public que l'illustre Addison, dans son poème de la campagne de Hochstedt, avait parlé plus honorablement de la maison du roi que l'auteurmême du Poème de Fontenoy : ce reproche a été cause qu'on a cherché l'ouvrage de M. Addison à la bibliothèque de Sa Majesté, et on a été bien surpris d'y trouver beaucoup plus d'injures que de louanges; c'est vers 'le trois-centième vers. On ne les répétera point, et il est bien inutile d'y répondre : la maison du roi leur a répondu par des victoires. On est très-éloigné de refuser à un grand poète et à un philosophe très-éclairé, tel que M. Addison, les éloges qu'il mérite; mais il en mériterait davantage, et il aurait plus honoré la philosophie et la poésie, s'il avait plus ménagé dans son poème des têtes couronnées, qu'un ennemi même doit toujours respecter, et s'il avait songé que les louanges données aux vaincus sont un laurier de plus pour les vainqueurs. Il est à croire que quand M. Addison fut secrétaire d'État le ministre se repentit de ces indécences échappées a l'auteur.

1. Vers 256.

2. Vers 248.

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