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CHANT SEPTIÈME[1]

ARGUMENT
Saint Louis transporte Henri IV en esprit au ciel et aux enfers, et lui fait voir, dans le palais des Destins, sa postérité, et les grands hommes que la France doit produire.


Du Dieu qui nous créa la clémence infinie,
Pour adoucir les maux de cette courte vie,
À placé parmi nous deux êtres bienfaisants,
De la terre à jamais aimables habitants,
Soutiens dans les travaux, trésors dans l’indigence :
L’un est le doux Sommeil, et l’autre est l’Espérance.
L’un, quand l’homme accablé sent de son faible corps
Les organes vaincus sans force et sans ressorts,
Vient par un calme heureux secourir la nature,
Et lui porter l’oubli (les peines qu’elle endure ;
L’autre anime nos cœurs, enflamme nos désirs,
Et, même en nous trompant, donne de vrais plaisirs.
Mais aux mortels chéris à qui le ciel l’envoie,
Elle n’inspire point une infidèle joie ;
Elle apporte de Dieu la promesse et l’appui ;
Elle est inébranlable et pure comme lui.
Louis près de Henri tous les deux les appelle :
« Approchez vers mon fils, venez, couple fidèle. »
Le Sommeil l’entendit de ses antres secrets :

  1. Le lecteur judicieux voit bien qu'on a été dans l'obliGation indispensable de mettre dans un songe toute la fiction de ce septième chant, qui sans cela eût paru trop insoutenable dans notre religion. On a donc supposé (et la religion chrétienne le permet) que Dieu, qui nous donne toutes nos idées et le jour et la nuit, fait voir en songe à Henri IV les événements qu'il prépare à la France, et lui montre les secrets de sa providence sous des emblèmes allégoriques, ce qu'on expliquera plus au long dans le cours des remarques. (Note de Voltaire, 1723.) — Cette note de l'édition de 1723 a été retranchée depuis par l’auteur.