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Sous l’habit d’Augustin, sous le froc de François,
Dans les cloîtres sacrés fait entendre sa voix ;
Elle appelle à grands cris tous ces spectres austères,
De leur joug rigoureux esclaves volontaires.
« De la Religion reconnaissez les traits,
Dit-elle, et du Très Haut vengez les intérêts.
C’est moi qui viens à vous, c’est moi qui vous appelle.
Ce fer, qui dans mes mains à vos yeux étincelle,
Ce glaive redoutable à nos fiers ennemis,
Par la main de Dieu même en la mienne est remis.
Il est temps de sortir de l’ombre de vos temples :
Allez d’un zèle saint répandre les exemples ;
Apprenez aux Français, incertains de leur foi,
Que c’est servir leur Dieu que d’immoler leur roi.
Songez que de Lévi la famille sacrée[1],
Du ministère saint par Dieu même honorée[2],
Mérita cet honneur en portant à l’autel
Des mains teintes du sang des enfants d’Israël.
Que dis-je ? où sont ces temps, où sont ces jours prospères,
Où j’ai vu les Français massacrés par leurs frères ?
C’était vous, prêtres saints, qui conduisiez leurs bras ;
Coligny par vous seul a reçu le trépas.

    lever de l'argent, et contribuer pour la défense et conservation de la religion catholique, apostolique, et romaine, contre les horribles projets et attentats du susdit roi et de ses adhérents, depuis qu'il a violé la foi publique, au préjudice de la susdite religion catholique, de l'édit de la sainte union, et de la liberté naturelle de la convocation des états. « De plus, la même Faculté de Paris a jugé à propos d'envoyer cette conclusion au pape, pour qu'il daigne l'approuver et confirmer par l'autorité du Saint-Siège apostolique, et, par ce moyen, secourir l'Église gallicane, qui est dans le plus pressant danger. » (K.)

  1. Ces vers sont une imitation de ceux d'Athalie, acte IV, scène iii :
    Ne descendez-vous pas de ces fameux lévites
    Qui, lorsqu'au dieu du Nil le volage Israël
    Rendit dans le désert un culte criminel,
    De leurs plus chers parents saintement homicides,
    Consacrèrent leurs mains dans le sang des perfides ;
    Et par ce noble exploit vous acquirent l'honneur
    D'être seuls employés aux autels du Seigneur ?

    Mais dans Athalie c'est un prophète inspiré de Dieu qui parle, et ici c'est le démon de la Discorde. (K.)
  2. Racine a dit, dans Athalie, acte IV, scène ii :
    Entrez, généreux chefs des familles sacrées,
    Du ministère saint tour à tour honorées.