Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout imita Paris[1] : la mort sans résistance
Couvrit en un moment la face de la France.
Quand un roi veut le crime, il est trop obéi !
Par cent mille assassins son courroux fut servi ;
Et des fleuves français les eaux ensanglantées
Ne portaient que des morts aux mers épouvantées[2].

  1. On envoya d'abord des courriers aux commandants dos provinces et aux chefs des principales villes, pour ordonner le massacre. Quelque temps après on
    envoya un contre-ordre; et le massacre s'exécuta, malgré ce contre-ordre, dans quelques villes, à Lyon entre autres, où le parti des Guises dominait : mais, dans un grand nombre, les chefs catholiques s'opposèrent à l'exécution de ces ordres : le comte de Tende, en Provence; Gordes, de la maison de Simiane, en Dauphiné; Saint-Herem, en Auvergne; Charny, de la maison de Chabot, en Bourgogne; La Guiche, à Màcon ; le brave d'Ortez, à Bayonne; Villars, consul de Nîmes; les évêques d'Angers, de Lisieux, etc., etc. Beaucoup de protestants furent sauvés par leurs parents, par leurs amis, quelques-uns même par des prêtres : de ce nombre fut un Tronchin, qui resta plusieurs jours caché à Troyes dans un tonneau, et, s'étant retiré à Genève, y a été la tige de la famille de ce nom. (K.)

    — C'est d'après ce que Voltaire avait écrit dans son Essai sur les guerres civiles en France (qui fait partie du présent volume), qu'on met le commandant
    en Auvergne et l'évêque de Lisieux au nombre des personnes qui s'opposèrent au massacre des protestants; mais voyez ma note sur ce passage de l’Essai sur les guerres civiles. (B.)
  2. Dans le chant III de la Pucelle, Chapelain a dit :
    De tant de corps meurtris la Loire ensanglantée
    Aux maritimes flots courut épouvantée.