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ACTE IV, SCÈM- IV. 79

Vos yeux fiiront témoins de mes jaloux transports;

JIs étaient imprudents; nuiis vous m'aimiez alors:

Je vous confiai tout, ma colère et ma flamme.

J'ai revu Soplionisbe, et j'ai connu son àme ;

Tout est changé; mon cœur est rentré dans ses droits;

La veuve de Sypliax a mérité mon choix.

Elle est reine, elle est digne encor d'un plus grand titre.

De son sort et du mien j'étais le seul arbitre ;

Je devais l'être au moins; je l'aime, c'est assez;

Sophonisbe est ma femme, et vous la ravissez !

SCIPI0\.

Elle n'est point à vous, elle est notre captive;

La loi des nations pour jamais vous en prive;

lîome ne peut changer ses résolutions

Au gré de vos erreurs et de vos passions.

Je ne veux point ici vous parler de moi-même ;

Mais jeune comme vous, et dans un rang suprême,

Vous savez si mon cœur a jamais succombé

A ce piège fatal où vous êtes tombé.

Soyez digne de vous, vous pouvez encor l'être.

MASSIN'ISSE.

Il est vrai qu'en Espagne, où vous régnez en maître. Le soin de contenir un peuple efTarouché, La gloire, l'intérêt, seigneur, vous ont touché ; A ous n'enlevâtes point une femme éplorée. De l'amant qu'elle aimait justement adorée : Pourquoi démentez-vous pour un infortuné Cet exemple éclatant que vous avez donné ? L'Espagnol vous bénit, mais je vous dois ma haine ; Vous lui rendez sa femme, et m'arrachez la mienne.

SCIPION,

A vos plaintes, seigneur, à tant d'emportements. Je ne réponds qu'un mot, remplissez vos serments.

MASSINISSE.

Ah ! ne me parlez plus d'un serment téméraire Ou'ont dicté le dépit et l'amour en colère; 11 fut trop démenti dans mon cœur ulcéré.

SCIPIOX.

Les dieux l'ont entendu : tout serment est sacré.

MASSIMSSE.

Consul, il me suffit; j'avais cru vous connaître, Je m'étais bien trompé : mais vous êtes le maître.

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