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ACTE III, SCÈNE I. 65

Jl viendra dans ces lieux vous apprendre lui-même

Ce qu'il faut entreprendre ou qu'on peut différer;

Sur vos grands intérêts vous pourrez conférer.

Jl vous annoncera ses projets sur l'Afrique.

Vous savez qu'Annibal est déjà vers Utique;

Qu'il fuit l'aigic romaine, et que, dans son pays,

De ses Carthaginois ramenant les débris,

Il vient de Scipion défier la fortune.

Cette guerre nouvelle à vous deux est commune.

Nous marcherons ensemble à de nouveaux combats.

MASSINISSE.

De la reine, seigneur, vous ne me parlez pas.

LÉLIE.

Je parle d'Annibal; Sophonisbe est sa nièce : C'est vous en dire assez.

MASSINISSE, en se levant.

Écoutez ; le temps presse : Je veux une réponse, et savoir à l'instant Si sur mes prisonniers votre pouvoir s'étend.

LÉLIE.

Lieutenant du consul, je n'ai point sa puissance; Mais si vous demandez, seigneur, ce que je pense Sur le sort des vaincus, sur la loi du combat. Je crois ({ue leur destin n'appartient qu'au sénat,

MASSINISSE.

Au sénat! Et qui suis-je?

LÉLIE.

In allié, sans doute. Un roi digne de nous, qu'on aime et qu'on écoute, Que Rome favorise, et qui doit accorder Tout ce que ce sénat a droit de demander.

(Il se lève.)

C'est au seul Scipion de faire le partage ; Il récompensera votre noble courage, Seigneur, et c'est à vous de recevoir ses lois. Puisqu'il est notre chef, et qu'il commande aux rois.

MASSINISSE.

Je l'ignorais, Lélie, et ma condescendance N'avait point reconnu tant de prééminence ; Je pensais être égal à ce grand citoyen ; Et j'ai cru que mon nom pouvait valoir le sien : Je ne m'attendais pas qu'il s'expliquât en maître.

7. — Théâtre. VI. 5

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