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ACTE II, SCÈNE Y. 59

SCÈNE V.

SOPIIONISBE, MASSINISSE, PILEDIME, gardes.

SOPHO-NISBE.

Si le sort eût voulu qu'un Romain fût mon maître. Si j'eusse été réduite en un tel abandon Qu'il m'eût fallu prier Lélie ou Scipion, La veuve d'un monarque, à sa gloire fidèle, Aurait choisi cent fois la mort la plus cruelle, Plutôt que de forcer ma bouche à le fléchir. Seigneur, à vos genoux je tombe sans rougir.

(Massinisse l'empêche de se jeter .à genoux.)

Ne me retenez point, et laissez mon courage S'honorer de vous rendre un légitime hommage ; Non pas à vos succès, non pas à la terreur Qui marchait devant vous, que suivait la fureur, Et qui Aous a donné cette grande victoire; Mais au cœur généreux, si digne de sa gloire. Qui, de ses ennemis respectant la vertu, A plaint son rival même, a lait ce qu'il a du; Du nuilheureux Syphax a recueilli la cendre. Qui partage les pleurs que sa main fait répandre, Qui soumet les vaincus à force de bienfaits. Et dont j'aurais voulu ne me plaindre jamais.

MASSINISSE.

C'est vous, auguste reine, en tout temps révérée, Qui m'avez du devoir tracé la loi sacrée ; Et je conserverai jusqu'au dernier moment De vos jiobles leçons ce digne monument. La lettre que tantôt vous m'avez adressée. Par la faveur des dieux sur la brèche laissée, Remise en mon pouvoir, est plus chère à mon cœur Que le bandeau des rois, et le nom de vainqueur.

SOPHO-MSBE.

Quoi, seigneur! jusqu'à vous ma lettre est parvenue! Et par tant de bontés vous m'aviez prévenue!

MASSIMSSE.

J'ai voulu désarmer votre injuste courroux.

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