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530 LA COMÉDIE FAMEUSE.

CINTI A, .1 I.ilii.-i, qui l’accompagne.

Lil)ia, ne m’abandonne point ; j’ai soin de ma réputation et de la tienne.

HÉRACLIUS.

Je ne sais si je dois vous croire.

CINTIA.

Poimpioi non ?

HÉRACLIUS.

Parce que si vous me traitez avec tant de bonté à présent, vous direz peut-être, comme vous avez déjà fait, que vous ne vous en souvenez plus, et que mon bien et mon mal vous sont indifférents.

Des voix s’élèvent au fond du théâtre.

LES SOLDATS de Frédéric.

C’est par là qu’Héraclius a passé.

FRÉDÉRIC.

Passez tous après lui.

HÉRACLIUS, à Cintia.

Malheureux que je suis ! quand je voudrais fuir^ je ne pourrais ; vos troupes reviennent avec les miennes. Voyez-vous cette troupe qui s’effraye et qui abandonne le poste que vous gardiez ? Fuyez, vous pourrez à peine sauver votre vie.

CINTIA.

Non ; tu pourrais fuir ; les autres ne fuiront pas.

LÉOXIDE, arrivant.

Tournez tête, soldats : ils ont forcé le passage que gardait Cintia ; défendons sa vie ; je serai le premier à mourir.

HÉRACLIUS, se jetant sur Léonide.

Oui, tu mourras de ma main, ingrat, inhumain, cruel !

LÉONIDE.

Je ne suis point étonné de te voir en vie. Je suis persuadé que la mer n’a eu pitié de toi que pour préparer mon triomphe.

Ils combattent tous deux.

HÉRACLIUS.

Tout à l’heure tu vas le voir.

CINTIA.

Je ne peux me déclarer, malgré le désir que j’en ai. Je crains

1. On ne conçoit rien à ce discours d’HéracIius ; tantôt il parle en héros, tantôt on poltron. Si c’est une ironie avec Cintia, il est difficile de s’en apercevoir, {Note de Voîtaire.)