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5"2G LA COMÉDIE FAMEUSE.

IIlônVCLILS ET ASTOLPHE.

Secourez-nous, ù pouvoirs divins !

TROUPE DE SOLDATS da Phocas.

Vive Léonide ! vive Léonide !

l’KÉDÉRIC, graiul-duc de Calabre, descendant de son vaisseau.

Prenons terre ; formons nos escadrons ; que les ennemis surpris soient épouvantés, qu’ils ne sachent mon dé])arque ment que par moi, puisque les eaux et les vents m’ont été si favorables ; <]ue le sang- et le feu fassent voir un autre élément. Le destin m’a fait prince de Calabre : je suis neveu de Maurice ; sa mort me donne droit à la pourpre impériale. Pourquoi payerais-je des tributs au lieu de venger la perte des tributs qu’on me doit, surtout lorsque je sais que le fils posthume de Maurice est perdu, et qu’un vieillard, dont on n’a jamais entendu parler, depuis (juil arracha cet enfant à sa mère. Ta élevé dans les rochers de la Sicile. Les destinées ne m’appellent-elles pas à l’empire, puisque le tyran est ici mal accompagné ? N’est-ce pas à moi de soutenir mes droits par mer et par terre, et de venger à la fois Frédéric et Maurice ? Enfin, quand je n’aurais d’autre raison d’entreprendre cette guerre glorieuse que les prédictions sinistres de Lisippo, cette raison me suffirait ; et je veux montrer à la terre que ma valeur l’emporte sur ses craintes.

On voit de loin Astolphc sur le rivage, et Hcraclius qui s’élance hors du bateau perce où on l’avait déjà porté. Le bateau s’enfonce dans la mer.

FRÉDÉr.IC.

Quelle voix entends-jc sur les eaux ? Qu’arrive-t-il donc vers ces lieux horribles ? Quel bruit de destruction ! Autant que ma vue peut s’étendre, autant que je peux prêter l’oreille, ceci est monstrueux. J’entends la voix d’un homme ; mais il souffle comme un animal : ce n’est point un oiseau, car il ne vole pas ; ce n’est point un poisson, car il ne nage pas : il est poussé par les vagues qui se brisent contre ces rochers.

Astolphe sur le rivage embrasse Héraclius qui sort de la mer. HÉRACLIUS.

cieux, ayez pitié de nous !

ASTOLPHE.

cieux, nous implorons votre secours !

FRÉDÉRIC.

Il paraissait ([uil n’y en avait qu’un au milieu des ondes, et maintenant en voilà deux sur le rivage.