iys LA COMKDIH FAMEUSE.
Ilicn ACLtCS.
Et pourquoi, si ^ous avez vu une femme, ne m’avez-vous pas appelé i)our voir comment une femme est faite ? Car, selon ce que vous m’avez dit, de toutes les choses du monde que vous m’avez nommées, rien n’approche d’une femme ; je ne sais quoi de doux et de tendre se coule dans l’âme à son seul nom, sans qu’on puisse dire pourquoi.
LÉONIDE.
Moi, je vous remercie de ne m’avoir pas appelé pour la voir. Une femme excite en moi un sentiment tout contraire ; car, d’après ce que vous en avez dit, le cœur tremble à son nom. comme s’apercevant de son danger ; ce nom seul laisse dans l’âme je ne sais quoi qui la tourmente sans qu’elle le sache.
ASTOLPHE.
Ah ! Héraclius, que tu juges bien ! Ah ! Léonide, que tu penses à merveille !
HÉRACLIUS.
Mais comment se peut-il faire qu’en disant des choses contraires nous ayons tous deux raison ?
ASTOLPHE.
C’est qu’une femme est un tableau à deux visages. Regardez-la d’un sens, rien n’est si agréable ; regardez-la d’un autre sens, rien n’est si terrible : c’est le meilleur ami de notre nature ; c’est notre plus grand ennemi ; la moitié de la vie de l’âme, et quelquefois la moitié de la mort ; point de plaisir sans elle, point de douleur sans elle aussi ; on a raison de la craindre, on a raison de l’estimer. Sage est qui s’y fie, et sage qui s’en défie. Elle donne la paix et la guerre, l’allégresse et la tristesse : elle blesse et elle guérit : c’est de la thériaque et du poison. Enfin, elle est comme la langue ; il n’y a rien de si bon quand elle est bonne, et rien de si mauvais quand elle est mauvaise, etc.
LÉONIDE.
S’il y a tant de bien et tant de mal dans la femme, pourquoi n’avez-vous pas permis que nous connussions ce bien par expé- rience pour en jouir, et ce mal pour nous en garantir ?
HÉRACLIUS.
Léonide a très-bien parlé. Jusqu’à quand, notre père, nous refuserez-vous notre liberté ; et quand nous instruirez-vous qui TOUS êtes et qui nous sommes ?
ASTOLPHE.
Ah ! mes enfants, si je vous réponds, vous avancez ma mort. "S’ous demandez qui vous êtes ; sachez qu’il est dangereux pour